Didier Chaudet, Directeur de la publication, CAPE
01/12/2016
Sécurité en Eurasie (13)
François Fillon a donc gagné les primaires dites "de la droite et du centre". Elle aura plutôt été celles de toutes les droites, dont la frange conservatrice est ouvertement pro-Poutine. Un point qui aura attisé les peurs de l'électorat plus centriste.
Ces craintes se dissiperont sûrement si le présidentiable rappelle qu'il suit la logique de son article "Syrie: la France hors jeu!" daté du 28 octobre 2015. Logique résumée par cette phrase: "Il s'agirait surtout aujourd'hui de parler avec Moscou et Washington pour défendre les intérêts vitaux de la France". Une relation plus apaisée avec Moscou ne signifiera pas forcément soumission ou aveuglement. En tout cas on l'espère: suivre aveuglément Moscou ou Washington, ce n'est jamais bon pour les intérêts européens. Le problème est sans doute moins M. Fillon lui-même que ceux qui se sont laissés charmer par les réseaux pro-russes sur Paris, présentés par Nicolas Hénin dans son ouvrage. Certaines personnalités de droite pourraient ainsi influencer le regard français sur certains dossiers intéressant la Russie à partir de 2017, si François Fillon est élu. Notamment sur le conflit syrien (on risque de passer d'une vision simpliste anti-Assad à une autre tout aussi simpliste, pro-Assad, si on n'y prend garde), mais pas seulement.
Ce qu'on peut aussi craindre d'une approche russo-centré, c'est l'oubli, commun en France, que l'Eurasie est plus vaste que la seule Russie. La France et les Européens ont des intérêts spécifiques en Asie Centrale et dans le Caucase du Sud. Des intérêts qui s'alignent en partie, mais en partie seulement, avec la Russie.
L'importance d'une divergence relative entre Russie et France fondée sur deux principes
Ces deux principes sont ceux qui peuvent assurer la stabilité d'une région qui nous intéresse d'un point de vue énergétique et géopolitique: le refus de la loi du plus fort, qui aura permis notamment à la Russie à imposer ses vues par les armes ; et le respect de l'intégrité territoriale. Intégrité territoriale qui n'a pas été respectée en Ukraine, mais aussi, il ne faudrait pas l'oublier, en Géorgie.
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