Didier Chaudet
Chroniques d'Asie du Sud-Ouest (35)
Summary in English: this article offers an analysis of the Russian policy towards Afghanistan. Since the end of December everybody heard the news of the Kremlin being in touch with the Taliban in order to fight Daesh in Afghanistan. It is also well-known that Moscow has a good relationship with the legal government in Moscow. So is Russia playing a double game? It is not the point of view of our Editing Director, Didier Chaudet. He shows that Russia has made the choice of a realist foreign policy towards Afghanistan, the same made by the US, Iran, Pakistan, and China.
Il est difficile d'imaginer un dossier où Européens, Américains et Russes puissent aussi facilement s'entendre que sur l'Afghanistan. Au moins autant, si ce n'est plus, que les Occidentaux, le Kremlin s'inquiète de la faiblesse de l'Etat afghan et de la menace terroriste qui pourrait ré-émerger à partir de ce territoire. Cela explique le renforcement de la coopération entre Russie et certains pays d'Asie Centrale. On pense par exemple à l'Ouzbékistan, avec lequel le rapprochement est fortement lié à la présence de Daech et du Mouvement Islamique d'Ouzbékistan en Afghanistan. Mais aussi au Kirghizstan : ce pays étant le plus fragile de la région, les Russes n'hésitent pas à réarmer directement les forces de sécurité kirghizes, pour mieux contrer les incursions qui, comme par le passé, pourraient venir du sud. Le numéro 2 du ministère de la Défense russe, Anatoly Antonov, a également affirmé que le renforcement de l'armée tadjike était d'une grande importance pour lutter contre une possible infiltration de Daech en Asie Centrale, dès mars 2015. Ces prises de position sont, à première vue, du pain béni pour les Européens, qui ont aussi un intérêt dans la stabilité centrasiatique. Les Afghans eux-mêmes souhaitent le soutien russe : on l'a vu avec les visites du premier vice-président afghan, Abdul Rashid Dostum, à Moscou et à Grozny. Ce dernier est auparavant allé chercher de l'aide, notamment des armes et tout autre soutien militaire, dans des pays centrasiatiques, où il a des liens très importants. Il est toujours revenu les mains vides. Ce n'est pas le cas avec le Kremlin, qui devient un fournisseur de plus en plus important en matériel militaire. Tout en restant prudent dans son engagement, et insistant sur le fait que des soldats russes ne seraient jamais envoyés en Afghanistan. Logique, quand on se souvient du traumatisme soviétique, et aussi rassurant d'un point de vue afghan comme occidental : les Russes évitent ainsi, sagement, une situation qui pourrait attiser les tensions avec les Américains.
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