Chroniques d'Asie du Sud-Ouest (5)
Le lundi 3 mars, un attentat a eu lieu au Pakistan qui a particulièrement marqué les esprits. Des terroristes ont frappé, au cœur d'Islamabad, un tribunal. Plus précisément dans la zone "F-8" où l'on peut trouver des think tanks, des résidences de politiques importants, de généraux à la retraite... Ce n'est pas un endroit anodin pour un attentat terroriste. Il se trouve que l'auteur de ces lignes y travaille: si on ne peut que constater une réduction de la présence des forces de l'ordre depuis ces deux dernières années, elles restent encore bien présentes, et donnaient jusque là le sentiment d'une capitale sous contrôle, protégée. Cela reste, bien sûr, le cas: mais le problème avec ces attaques, c'est qu'il en suffit d'une seule pour briser le sentiment de sécurité d'une population.
Sans laisser les terroristes gagner en donnant à l'évènement une importance démesurée, il ne faut pas non plus tomber dans l'autre extrême et le minimiser. Il y a tout de même eu 11 tués et un peu moins d'une trentaine de blessés. Les militants ont frappé à 9:15 du matin, et ont pu semer la terreur pendant une bonne quarantaine de minutes avant l'intervention des forces de l'ordre. Plus perturbant encore: plusieurs jours après l'attaque terroriste, on ne pouvait toujours pas dire avec certitude combien de terroristes avaient effectivement attaqué le tribunal (le chiffre le plus probable selon un certain nombre d'analystes est de cinq ou six, pas plus). On ne peut même pas dire clairement comment ils s'y sont pris pour pénétrer un bâtiment sécurisé avec leurs armes et des ceintures d'explosifs pour deux d'entre eux. Par ailleurs, ceux qui ne se sont pas faits sauter ont réussi à s'enfuir malgré les dizaines de policiers venus en réaction à l'attentat. Enfin, ce ne fut pas la seule attaque menée par des terroristes à cette période. Dans la première partie de la semaine dernière, immédiatement après cet attentat sur Islamabad, 8 soldats ont été tués, dont 6 quelques heures avant que les négociateurs d'un processus de paix entre gouvernement central et talibans pakistanais ne se rencontrent.